Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
270. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 November 23
Münster 1646 November 23
Ausfertigung: AE , CP All. 62 fol. 309–313 = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , CP
All. 67 fol. 348–352. Kopie: AE , CP All. 78 fol. 404–410’.
Empfangsbestätigung. Unterredungen mit Ridolfi über Schreiben Mazarins und Heiratsprojekte.
Stellungnahme zur Kritik in nr. 248 an nr. 217 (Vorschlag für eine Regelung in bezug auf Her-
zog Karl). Aufschub des Briefes Mazarins an Salvius. Friedensbereitschaft Königin Christinas.
Gespräche über Pommern.
Je suis heureux à recevoir quelquefois des lettres de Vostre Eminence en lieu
ou elles font aussytost un bon effet. Celle dont il vous a pleu m’honorer le 5.
de ce mois m’a esté rendue par le dernier courrier en présence |:du sieur Ri-
dolphi :| qui m’estoit venu visiter. Il me presta des ciseaux pour couper la
soie, et comme j’eus jette l’œil sur la première page je luy en monstray un
article par lequel Vostre Eminence parle fort honorablement de sa personne
et mesmes avec confiance en luy et en son maistre. Son nom y estoit en chifre
avec deux autres lignes sur la fin du mesme article, mais je luy dis que je
recognoissois bien que c’estoit de luy qu’il estoit fait mention. De vray je fis
appeller le sieur de Préfontaine et luy baillay la lettre qu’il me rapporta des-
chifrée en cet endroit-là, et alors je ne sçaurois dire assez combien |:Ridolfi:|
en fut touché. Il se mit à me raconter les grands talens et les rares qualitez de
Vostre Eminence et les présages que la cour de Rome avoit tousjours faits de
vostre future grandeur. Il me dit que les ministres mesmes d’Espagne avouent
qu’ilz n’ont pas un homme de vostre force dans tous leurs royaumes, et à
l’ouïr il semble qu’ilz en parlent avec regret comme s’ilz n’avoient pas bien
usé de quelque cojoncture en laquelle ilz auroient pu se concilier vostre affec-
tion . Il s’estendit aussy sur le crédit et le respect que vostre conduitte a desjà
acquis au Roy dans l’Italie. Je luy repartis qu’à la vérité cet avantage est tout
vostre, et que la France ne le doit purement qu’à vous. Je ne fus pas muet en
tout le reste, mais il me le faut estre sur ce sujet auprès de Vostre Eminence si
je ne veux choquer la vertu de toutes les siennes qu’elle chérit le plus.
|:Deux jours après il revint me trouver et me dit confidemment que l’ Empe-
reur donneroit volontiers sa fille
Ehg.in Maria Anna (s. [ nr. 45 Anm. 6 ] ).
meilleurs moyens pour asseurer la paix entre la France et l’Empire. Je ne tes-
moignay aucune affection en cela ny pour ny contre, et l’escoutay simplement
ainsy qu’il nous est ordonné. Néantmoins pour le faire parler davantage je
repondis que |:si le filz aisné de l’Empereur passe en Espagne pour espouser
l’Infante:|, comme le bruit en est grand, la paix d’Allemagne sera sujette à
beaucoup de troubles, puisque sans doute l’on essayeroit |:aussi avec le temps
de le faire Roy des Romains
prince ne bougera d’Allemagne, et que c’est son cadet
Ehg. Leopold (1640–1705), jüngerer Bruder Ehg. Ferdinands, 1655 Kg. von Ungarn, 1656
Kg. von Böhmen, 1658 Ks. ( NDB XIV S. 256–260 ; Schindling ), heiratete 1666 die Infan-
tin Margarete Theresia (1651–1673), eine Tochter Kg. Philipps IV. von Spanien.
Madrid:|. Encores croit-il que la chose n’est pas bien résolue d’autant qu’on
parle aussy d’un des archiducs d’Insprux. Il dit plusieurs fois que |:cette al-
liance seroit bien convenable pour le Roy:| et pour le bien de la chrestienté,
et voulu me faire cognestre qu’il ne s’avançoit pas jusques-là sans fondement.
Ce que Vostre Eminence me commandera là-dessus, soit pour le remettre sur
cet entretien soit pour le laisser mourir, je le feray punctuellement et en la
manière qu’il vous plaira me prescrire.
J’avois obmis de vous dire, Monseigneur, que |:Ridolfi s’estant trouvé si à
propos à la:| cheute du paquet, je creus luy pouvoir aussy monstrer sans af-
fectation ce que vous m’avez fait l’honneur de me mander |:du marquis de
Castel Rodrigue:|. Il cogneut à la vérité que c’estoit sans dessein, et de plus il
fut très aise de voir les bons sentimens que vous avez pour |:ledit marquis:|
duquel il dit mille biens, mais il adjousta avec un branlement de teste qu’il ne
luy en feroit rien sçavoir.
Les mémoires qui nous viennent de la cour sont tousjours admirablement
bons et pleins d’instruction pour nostre conduitte. Je n’ay jamais rien veu de
si exact ny de si commode pour ceux qui servent hors de France, et pour mon
particulier je puis dire qu’au lieu d’estre commandé par le Roy j’en suis per-
suadé . Vous ne doutez pas, Monseigneur, que les ordres ne soient mieux exé-
cutez quand ceux qui les reçoivent les comprennent bien et qu’ils y donnent
eux-mesmes tout leur consentement. C’est ainsy qu’il m’en arrive lors mes-
mes que Vostre Eminence combat mon avis, comme elle a fait si fortement
par la despêche du 9. que d’abord je me suis senty touché de ses raisons, et à
la seconde lecture j’y ay tout à fait acquiescé. S’il me restoit quelque scrupule
je prendrois la liberté de vous le représenter avec respect, puisque vous me
faittes l’honneur de l’avoir agréable, mais après avoir considéré cette affaire
|:de Lorraine:| par toutes ses faces, je crois qu’il n’y a aucun moyen d’en
sortir présentement avec seureté que par |:l’offre qu’on nous ordonne de
faire:|.
Vostre Eminence a bien jugé que |:l’eschange de l’Alsace contre la Silésie:|
est une pure imagination de mon esprit. Je l’ay formée sur la response que les
ambassadeurs de Holande nous firent |:que le duc Charles n’accepteroit pas
des terres en France:|, mais qu’au moins s’il demeuroit |:prince de l’ Em-
pire :|, ce seroit quelque chose, et qu’ainsy |:ils estimoient qu’on luy pourroit
donner l’Alsace en gardant Brisak ou le faisant démolir:|. Ma première pen-
sée fut que ce premier party n’estoit pas à rejetter, parce qu’il nous asseureroit
la Lorraine par le consentement du duc et de toute sa maison, et qu’autrement
s’il rentre un jour dans une partie de ses Estatz comme je n’en doutois point,
nous ne posséderons pas alors avec grande seureté |:ny le reste de la Lorraine
ny l’Alsace mesme:|.
Après avoir examiné davantage cette affaire il me sembla que l’humeur du
duc Charles ne devoit estre guères moins suspecte |:dans l’Alsace que dans
une portion de la Lorraine:|, et que si on pouvoit esloigner ce prince ce seroit
bien le plus seur. Sur cela j’envisageay |:la Silésie comme:| une pièce desta-
chée de tous les intérestz de la France, et me persuaday que |:l’Empereur la
pourroit donner pour ravoir l’Alsace:|, car puisque les Espagnolz |:ont fait
faire la proposition de l’Alsace pour le duc Charles:|, j’ay creu que nous
avons tant de sujet de nous défier de sa conduitte qu’ilz ne sçauroient refuser
pour luy |:un autre Estat de mesme nature:| s’ils ne vouloient faire cognestre
à tout le monde qu’ilz le désirent |:voir placé au voisinage de Lorraine affin
de brouiller:|.
En tout cas j’estimois que si la maison d’Austriche |:qui demande l’Alsace
pour ce prince:| ne la vouloit pas pour soy-mesme |:en luy donnant ailleurs
équivalent:|, la France auroit pleinement satisfait au public, et que noz enne-
mis demeurans convaincus d’un mauvais dessein ne pourroient esviter |:ou
d’accepter une offre toute esgale à leur prétention:| hormis qu’il y auroit plus
de seureté pour la durée de la paix, |:ou de faire désarmer le duc Charles:|
pour le mesme respect du repos public.
Voilà, Monseigneur, sur quoy estoit fondé cet expédient et sur l’opinion dont
je suis prévenu que la cession dudit duc, de son frère et de leurs femmes |:vaut
bien d’estre achetée plus chèrement que:| celles des Archiducs pour l’Alsace
et de l’électeur de Brandebourg pour l’une des Poméranies. Mes lettres l’ au-
ront fait cognestre de temps en temps à Vostre Eminence, et si j’avois eu
quelque chose en main de la part des Impériaux je n’aurois pas tardé à vous
en rendre compte, car pour le duc Charles et son député ce sont ceux que je
ne vis jamais et qui ne m’ont jamais rien fait dire.
La seule difficulté que je trouve en ce qu’il vous a pleu, Monseigneur, de me
mander sur ce sujet, est |:que de remettre le duc Charles ou ses successeurs
dans l’ancienne duché de Lorraine ou de leur donner la Franche-Comté si on
la peut avoir par quelque eschange:|, ce seroit leur laisser devant les yeux une
tentation si vive et si présente et tant de commodité pour faire des menées et
des entreprises qu’il faudroit concevoir une félicité plus constante que les
François ne la peuvent porter pour croire que |:la maison de Lorraine, ap-
puiée comme elle est en France, ne rencontreroit pas avec le temps:| cent
occasions favorables pour mériter peu à peu de noz roys ce qu’elle auroit
perdu ou pour s’y restablir elle-mesme à la faveur de quelques troubles. Ne
peut-il pas revenir aisément un autre François duc de Guise
François de Lorraine, 2. duc de Guise (1519–1563), Inhaber zahlreicher hoher Kronämter,
Gouverneur der Provinz Dauphiné, einer der Anführer der kath. Partei im Kampf gegen die
Hugenotten ( DBF XVII Sp. 326f.; NBG XXII Sp. 776–779). Das Hause Guise hatte politi-
schen Einfluß während der frz. Bürgerkriege des 16. Jh.s, insbesondere zwischen 1547 und
1589 ( Bourde S. 757f., 764–778).
Claude
ne faut que voir les accroissemens de la Lorraine sur nous pendant leur admi-
nistration pour juger comme leurs successeurs en useront à l’avenir quand
leur faveur ou leur vertu se fera encores remarquer.
Mais comme cet inconvénient n’est pas certain et est bien esloigné, |:il ne se
peut rien proposer de meilleur ny de plus seur que:| le contenu au mémoire
du 14. d’octobre , et quelque application qu’on apporte à cette affaire il en
faut tousjours revenir là.
Je ne vois pas, Monseigneur, quel sujet vous pourriez prendre à présent pour
escrire à monsieur Salvius. Cette civilité se peut différer si vous l’avez agréable
jusques après la conclusion du traitté, et il la recevra beaucoup mieux si l’on
|:met peu ou point de différence entre le baron Oxenstiern et luy, soit en la
manière d’escrire soit en l’estime des présens que le Roy leur fera:|.
Il m’asseura encores hier qu’il ne tiendra pas à luy que la paix ne soit faitte
dans la fin de cette année |:et il me dit mesme en secret que la reine de Suède
désire qu’elle soit signée auparavent, affin qu’elle en puisse recevoir la nou-
velle :| lors de l’assemblée des estatz de son royaume qui sont convoquez à
Stockholm au 15. de janvier prochain
la reyne a fait sçavoir à monsieur Salvius qu’elle |:auroit grand intérest que le
traitté de la paix luy fust porté durant ce temps-là:|, et qu’en ce cas elle en-
tend que ce soit ledit sieur Salvius |:qui en soit le porteur:|. La confiance
qu’elle prend en luy s’augmente de jour en jour.
C’est moy, Monseigneur, qui me glorifie bien fort de rencontrer souvent de si
judicieux sentimens que les vostres, et je vous proteste en homme de bien que
c’est une des plus grandes consolations que je reçoive icy.
Je fais ce que je puis pour porter monsieur Salvius et les députez de Brande-
bourg à s’accomoder, et surtout je tesmoigne tousjours audit sieur Salvius et
avec des raisons qu’il escoute que la moitié de Poméranie vaut mieux avec le
consentement de l’électeur que le tout malgré luy. L’on est bien icy de mon
avis, mais l’on dit que cela n’importe pas et qui plus est on le dit aux Suédois.
Or l’importance est, ce me semble, qu’au premier cas la paix sera plus durable
et le Roy moins obligé, et au second cas qui tente un peu l’ambition de noz
alliez il y aura bien moins de seureté en la paix, et le Roy entrera dans une
obligation très inégale avec la Suède en ce qu’il devra garentir un traitté qui
adjuge à laditte couronne des provinces, villes, et portz de deux princes de
l’Empire sans aucun consentement de leur part, et qu’au contraire elle ne sera
intéressée pour nous qu’à la conservation d’un pays que Sa Majesté possédera
en vertu de bonnes et volontaires cessions. Enfin si cella n’importe pas, et que
la garentie du Roy, de l’Empereur, et des estatz de l’Empire suffise pour
maintenir les Suédois dans la Poméranie et dans Wismar, c’est en vain que la
France veut rendre les villes forestières avec ce que nous tenons du Brisgau et
donner de l’argent pour acquérir une seureté qui n’est pas nécessaire.